mardi 20 novembre 2018

[177] Boule au ventre


Extraits urbains - Berlin - (c) Maud

Il fait gris. Aujourd'hui, il va peut-être neiger.
Je n'ai pas envie de quitter mon cocon. Je me roule en boule.
J'aime sentir le poids de la couette. L'air est froid. Et je ne veux surtout pas réfléchir.

Dès que je pense, je sens mon corps qui se contracte.
Comme si il me signifiait cette impossibilité de ressentir ce que je ressens.
C'est comme interdit.

Je veux savoir quand sera le prochain rendez-vous. Étourdissant.
Redevenir cette enfant qui jouit de la vie sans penser aux conséquences.
Dévaler les pentes, courir et rire. Aux éclats.


vendredi 16 novembre 2018

[176] Nuits et Folies


Tu sens bon. Et je me noie dans les vapeurs de mes émotions. Blottie au creux de ton cou, je respire et je veux pouvoir me souvenir.
Tu es beau. Je ne sais pas si tu es bien, mais je te trouve beau. A m'étourdir.

 Sous l'Observatoire - Couleurs de la nuit (c) Maud

Tu me plais. Sans que je sois capable d'expliquer le pourquoi du comment. Et pourtant je rêve de tout pouvoir tout expliquer, avoir le contrôle. Et puis finalement je le perds. Tu me plais, et c'est comme ça. Un point c'est tout.
Tu es bizarre. Tu me surprends, tu m'intrigues. Qui es tu ?
Tu me charmes. Et j'oublie tout le reste. Je m'évanouis. Ou plutôt j'existe et je rayonne à travers ton regard. Tu me donnes corps et mon cœur bat.
Tu me fascines. Et j'ai pour projet de t'apprendre, de te dévorer, de te savourer. Jusqu'au bout de mes nuits.
Tu m'étourdis. Dans le silence. Les mots s'entrechoquent et je balbutie. La tête tourne. Le sais-tu ?

Tu me fais voyager. Chaque moment partagé est une aventure. Un voyage riche en sensations et plein de nouvelles rencontres qui encore fois me convaincs des milles et une saveurs merveilleuses de la vie.
Tu es drôle. Et je ris. Et rire, c'est tellement agréable. Merci.
Tu es simple. Simplement là. Simplement évident. Simplement bien. 

Sous l'Observatoire - Expériences de la nuit (c) Maud

Tu es rassurant.
Tu es doux.
Tu es là.

Tu m'écoutes.
Tu sais.
Tu es patient.
Tu es curieux.

 Sous l'Observatoire - Temps de la nuit (c) Maud

Tu aimes la fête. Et avec toi le tourbillon continue. Ce cocktail de vie qui nous secoue, nous anime, nous emporte.
Tu es sensible. Avec un regard, avec un geste, avec une caresse, tu parles, tu écoutes, tu existes.
Tu es fragile. Pourtant je ne le sais pas. Ou je le sais mais je n'ai pas le droit de savoir.
Tu es loin. Tu n'es pas moi. Et je ne suis pas toi. Qui sommes-nous ?

Tu es mystérieux. Tu me surprends. Tu me transformes.
Tu es un inconnu. Je ne te connais pas. Et je ne te connaîtrais jamais assez et c'est pour ça que tous les jours que je veux continuer à te découvrir, grandir, changer avec toi.
Tu es différent. Tu es spécial. Chaque moment qui passe se fait à tâtons et j'en savoure d'autant plus les plaisirs inattendus.
Tu es unique. Et je t'aime.


dimanche 11 novembre 2018

vendredi 9 novembre 2018

[174] A coeur battant (chut !)

Retenir sa respiration. Ecouter le silence, écouter sa respiration. Ecouter la nuit et son cœur qui bat.

Automne et ciel normand - Abbaye - (c) Maud


J'ai glissé mes livres préférés dans des cartons. Quel choix étrange que d'enfermer tant d'évasions passés dans les placards de mon enfance. Comme si une page se tournait et pourtant je fais ce choix pour pouvoir, un jour, la retrouver. J'ai glissé mes souvenirs dans de petites boîtes et je les ai emportés dans le silence de la nuit. J'ai roulé seule, en silence. Remontant la route de mon histoire.

Je suis arrivée à l'Abbaye, il faisait nuit noire.
C'était silencieux. C'était étrange d'être à nouveau ici. Seule. La dernière fois, c'était le Pater Noster. C'était il y a peu, c'était il y a longtemps. Les émotions qui resurgissent me semblent étrangères et pourtant familières. Dans cette chambre, dans ce lit. Préparer avec effervescence une fête éclectique, aimer d'amour et pleurer de joie ou de tristesse. S'abandonner, s'oublier, s'éparpiller, se lover.

Au réveil, c'est les petites traditions qui me reprennent. Boire un thé, manger du pain, du beurre, de la confiture (de la gelée de coing)... Et papoter avec Papa. De tout, du monde, de la famille, de politique, de voyages, de projets, du Pater Noster, de Noël, de déménager, de fromages, de jardins... La lumière est fascinante, c'est l'automne et le pays de Caux révèle ses secrets.

Après avoir rangé soigneusement mes cartons, griffonnés dessus au stylos pour que chacun puisse y trouver son bonheur, nous partons à la cueillette des framboises qui régaleront mes papilles pendant plusieurs jours. Il fait un peu froid, elles sont un peu plus petites, mais encore si nombreuses. Sous le ciel qui s'assombrit, je savoure les plus mûres, je me pique sur les orties. Je suis heureuse. 


Nature en scène - La Halle Papin / La Briche - (c) Maud

Dans le silence du train, je lis. Mon cœur se serre. Je me sens trop proche. Je n'ai pas envie, je ne suis pas encore prête pour revivre ces émotions. Je n'avais pas pensé que cela irait si loin. Quand j'ai commencé "Les Mandarins", j'ai été fasciné par la facilité de m'y plonger, la fluidité de cette littérature, mes intérêts pour les sujets politiques, relationnels, ma capacité à prendre du recul sur les situations explorées. J'ai lu avec jugement, avec distance les histoires de Henri et Paule. Mais maintenant que c'est celle de Anne qui prend de la profondeur, je suis perdue dans ces émotions qui sont aussi les miennes, qui me font peur, qui me submergent. Je suis elle, elle est moi. Ils sont eux. Et je sais ce qu'elle vit. Et je vois pourtant, spectatrice de l'histoire, l'impuissance. Et je la vis. Et ça me bouleverse. Et je n'arrive plus à lire, et je n'arrive pas à m'arrêter car je veux savoir la suite... Et j'ai peur.

J'ai écrit ce que j'avais sur le cœur. "Bon voyage". 
Je ne suis pas encore prête pour y penser et pour savoir ce que je ressens.

Je suis arrivée chez maman dans la nuit tombante. Les travaux sont terminés. Je revois les paysages, le métro passe sur la Seine. C'était pourtant court et éphémère. Mais je me souviens. 

Cela fait longtemps que je n'étais pas passé. Et encore une fois, le séjour est trop court. Maman me fait un récit, à suspense, de ses aventures et j'écoute avec plaisir les rebondissements de ses histoires. Les travaux sont presque finis. Et c'est beau. 

Elle a cuisiné. Et nous papotons. De tout, de rien. Des amis, des travaux, du voyage, de la famille, de Noël, des cadeaux, des rencontres, des histoires d'amour, des bijoux, de vêtements, de travail, d'énergie, de Zora, de religion, de films et de séries... Nous nous sommes couchées tôt, j'ai regarder le happing ending de "Un Jour Sans Fin". Le matin, j'ai réussi à être un peu studieuse, en scannant page par page mes notes sur Saint-Vincent-de-Paul, avant de reprendre nos conversations infinis dans l'après-midi. 

17h. Déjà l'heure de partir attraper le train. C'était trop court et j'ai hâte de revenir. 


Horizon dépaysant - Canal à Bruxelles - (c) Maud 

Retenir sa respiration. Regarder la nuit, regarder la buée sur la vitre. Regarder le monde qui défile et sentir son cœur battre.