On m'a demandé ce week-end si j'écrivais encore. Ecrire demande du temps, de la liberté. J'ai envie d'écrire et oui, j'écris. Mais des mots qui ne se parlent plus, qui s'ignorent et s'oublient. Des mots qui sont seuls. Alors qu'écrire est le lieu de la rencontre, du sens, de l'aventure partagée. Ecrire c'est donner cohérence à des pensées, c'est rassembler et donner une unité. Faire porter une histoire dans la poésie des sons pour la donner à voir à d'autres. Ecrire pour être écouter. Oui. J'écris. Non je n'écris plus.
J'ai perdu pied dans la journée, ou plutôt dans la soirée. Depuis je secoue désespérément le vide autour de moi et rien n'est concret, rien ne réagit. J'ai un vide dans le cœur. Envie de rire et pleurer. Je parle mais le vent s'envole dans mes mots. J'ai froid et j'ai si chaud. Je me surprend, remplie de clichés, et pourtant ça m'apaise de m'y raccrocher. Être dans une case et porter une étiquette. Moi, je suis là. Mais le placard s'est renversé. Il n'y avait pas de fond et derrière c'est le pays imaginaire et fou où le ciel est vert et l'herbe bleue. Je recommence à parler à des inconnus à peine esquissés de deux, trois pensées. Je leur raconte mes envies, mes peurs et ils me rient au nez, avec leur yeux pailletés et des costumes colorés. Ces personnages, encore cotonneux, prennent de plus en plus de place en moi. Ils veulent vivre, me dire d'arrêter de vouloir être sage. Arrête de vouloir ressembler à une image. Ferme les yeux et quitte ce lieu de paradoxe. La réalité est plus dangereuse que le monde des rêves. Dans les rêves je peux imaginer ce que je veux, dans la réalité ce que j'imagine peut me tromper. L'illusion est un gouffre qui donne des ailes qu'à ceux qui restent seuls. J'ai peur.