Après trois heures et demi de promenade urbaine, je suis rincée.
Rendez-vous au Scheck-In Center de Karlsruhe pour gravir après quelques minutes d'attente, des escaliers qui ouvrent sur un panorama surprenant du nouveau quartier de la ville encore à demi en construction. De grandes lignes dessinent l'horizon, un nouveau parc s'étire au pied d'une digue surélevée de bureaux colorés. Finalement, nous petits hommes aux pieds de ces colosses d'architecture, nous riions d'un baiser symbolique que se lancent témérairement deux porte-à-faux.
En suivant les rails du tram, nous traversons ce parc intemporel où une roue d'eau semble figée pour toujours. Enfin nos pas nous portent devant les premiers bâtiments d'habitation où très vite on peut remarquer la règle architectural imposée d'une façade en trois parties : RDC, étages et dernier niveau. Une certaine harmonie s'établit alors dans ces lieux alors qu'avec le professeur, je m'amuse à comprendre les différences de perspective qui font paraître le clocher de l'église plus ou moins gros.
Reconversion. Une question de caractère, une question financière qui nous amènent dans un équilibre parfois surprenant à découvrir tout d'un coup la belle brique brune des anciens bâtiments ferroviaires dans cette modernité monotone de gris,blanc et couleurs pastel. Nous aventurons nos pas dans les cours intérieures, coutume berlinoise d'après mon expérience revisitée par des analyses sociologiques : espace de rencontre, d'échange entre voisins et de détente.
Mais dans ces espaces nouveaux, glacés par l'hiver, on a dû mal à imaginer les enfants rires, les habitants s'épanouir. Les photos des projets ne sont pas l'image même de la réalité et on découvre la valeur en architecture et combien l'histoire des gens, des lieux donne du sens aux espaces. Mais je devine les qualités, les potentiels et à tâtons j'admet que, animé d'activités, ces jardins aménagés me donnent envie d'y habiter.
Plus loin, un ancien château d'eau est transformé en hôtel à chambre unique. Pilier historique dans un corps contemporain où les volumes généreux de l'école secondaire répondent à la transparence de la garde d'enfant. Nous voilà en bordure de ce nouveau quartier où s'activent les problématiques de frontières, limites et franchissement. Que se passe-t-il au delà ? Quelles interactions ? Je suis un peu déçue par la réponse immobilière : un Bellevue.
Après avoir parcouru quelques rues vides, une place nommée à la gloire du féminisme et sourit aux commentaires d'une camarade logeant dans la résidence étudiante du quartier (apparemment très sympathique et vivante); nous voilà en route pour la deuxième balade urbaine de la journée. Rendez-vous : Schlachthof. (Les anciens abattoirs de la ville)
Lieu de la créativité, les locaux historiques servant à stocker, abattre, préparer et vendre des cochons, des chevaux, des moutons etc... ont été reconvertis avec succès en bureaux, salles d'exposition, galerie d'artiste, salles de concert etc... Dans ces deux énumérations n'apparaît malheureusement pas l'incroyable qualité et élégance de ces vieilles constructions datant de l'âge d'or des structures métalliques : colonnes ornées de chapiteaux même dans les porcheries; briques riches et colorées, entrées majestueuses et enfin harmonie et proportion dans les dimensions, les parcours, les rapports des uns aux autres. On entend pas non plus le soin créatif et respectueux des architectes qui ont investi les lieux, dans une balance positif entre conservation historique et espace de vie, de travail et de loisir.
Flâner dans ces lieux est déjà en soi une expérience fascinante, sous la pluie fine, celle qui donne un éclat différent aux couleurs, celle qui me manque tellement sous le beau soleil de Karlsruhe. Mais nous avons par ailleurs eu la chance d'entrer dans ces espaces transformés, de rencontrer les occupants : artistes, créateurs, managers, designer, architectes etc... Entendre de vive voix l'expérience d'un espace donne une dimension toute différente à une simple visite.
So I enjoy it !
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