mardi 21 décembre 2010

Elle est amoureuse !




La Nuit du Bal

Il marchait seul dans la rue sombre. La nuit avait enveloppé chaque silhouette d’un épais brouillard laissant apparaître pas après pas un dédale de murs toujours semblables. Il s’était perdu depuis longtemps, errant sans but dans la ville endormie. Chaque bruit était étouffé. Par instant, il entendait un cri, une course, une chute. Puis à nouveau le silence écrasant, qui l’oppressait.
Ses pas étaient réguliers, il avançait en balançant de sa main droite, gantée, une longe canne légère qui heurtait parfois une marche. Dans ces cas, il s’arrêtait, écoutait, immobile, puis repartait. Encore;
Quand avait-il commencé ? Quand tout avait-il commencé ?

Elle était assise sur son lit, épuisée. Elle avait dansé toute la nuit pour son premier bal. Son beau et jeune visage rayonnait de joie, dans ses yeux sombres en amande l’excitation de la soirée brillait toujours, ses lèvres rouges et fines esquissaient encore le sourire aimable qu’elle adressait sans distinction à tous ses cavaliers. Ses boucles noires, si bien arrangées à son arrivée au bal, glissaient maintenant élégamment le long de son mince cou.
Elle avait été si fière, accompagnée de son amie et de son frère aînée en pénétrant dans la demeure des Heathbreads. Tout son être attendait l’événement , enfin rencontrer la haute société, peut-être être remarquée.
C’est avec légèreté, l’esprit étourdi, qu’elle s’était élancé sur la piste dans les bras de leur hôte, ses pieds fins, serrés dans les petites ballerines de vair, qui glissaient sur le parquet ciré formant un ballet tourbillonnant; Sa belle et nouvelle robe tournait avec elle. Le tissu vert et soyeux effleurait ses bras comme une caresse. La mousseline blanche, comme de l’écume, respirait, gonflée par les mouvement rapides et fluides.
Dans son esprit, elle revoyait la salle, la lumière, le tourbillon de couleurs, elle entendait l’orchestre et le froufrous des commérages, elle revivait toutes ses émotions. Allongée sur son lit, elle dansait, riait, vivait.

Une fenêtre illuminée se découpait dans la nuit. Le brouillard s’était enfin levé. Et bien que le jour ne se montra pas encore, il avait la sensation que la cité s’éveillait. Quelques lueurs timides s’élevaient de derrière des carreaux poussiéreux. Des bruits, des voix commençaient à secouer la rue, de même des odeurs se mélangeaient rappelant aux voyageurs de la nuit qu’il est temps de disparaître. Soudain une calèche passa à vive allure, le frôlant le projetant violemment contre le mur.

Elle s’était endormie, enfin, quand la course bruyante des chevaux lui fit ouvrir les yeux. Le visage encore ensommeillé, elle se pencha à la fenêtre pour voir disparaître la voiture noire au bout de la rue. Elle ne le vit pas, adossé sous sa fenêtre, qui reprenait son souffle.

A cet instant la rue orientée vers l’est reçu les premiers rayons du soleil. L’aube de ce premier jour d’hiver était colorée. Les figures jeunes sourirent au même moment en observant ce phénomène magique. La jeune fille et le jeune homme admiraient avec la même émotion la naissance d’un nouveau jour.



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