lundi 13 janvier 2014

Papillon éphémère dans une sphère fracturée

La météo est de nouveau grise. J'aurais aimé rester perdue dans le brouillard qui adoucissait le monde hier soir. Chaque lumière devenant un phare guidant mes pas. Mais aujourd'hui il fait juste gris, dans une ville où chaque goutte de pluie est devenue une perle rare. La ciel est lourd mais refuse d'apporter ce bienfaisant rideau qui nous permet de regarder la vie à travers un prisme différent.


Alors j'attends.


Et le temps passe. Dans cette élasticité qui le caractérise dans nos voyages, cette irrégularité qui font passer des heures en journées et des semaines en secondes. Je m'assoupis en moi-même et j'attends. Je ne sais pas ce que j'espère. Les flocons d'hiver qui ne viennent pas ? Les rencontres magiques qui ne durent pas. C'est si compliqué d'être soi-même intensément à chaque instant pour ne pas perdre ce qu'on est.



J'aime cette ville, mais j'y ai aussi le mal du pays. J'y ai retrouvé mes instant de solitude, et même mes activités de solitaire. De nouveau j'arpente. Je regarde. Je goûte. Et les saveurs de Karlsruhe sont un trésor culturel et naturel qui chaque jour m’ensorcelle un peu plus. Mais j'ai l'impression de quitter la sphère si difficilement bâtie à Paris, ce nœud de liens si maladroitement soudés mais qui, comme une marionnette, me permettait d'avancer sereinement pas à pas dans la vie. Les cordes se sont distendues, j'ai peur de m'être perdue. Si loin.


Où sont-ils tous ? Ils me manquent.



Et je n'ai pas réussi à redessiner un masque. Mes couleurs se sont éparpillées et chaque jour est une nouvelle montagne à gravir : parler, échanger, ressentir. J'ai l'impression d'être nue mais que personne ne peut me voir car je suis perchée ailleurs.


Et pourtant, certains sont là. Qui me donnent la main, me font rire. Et me font découvrir une nouvelle fois qui je suis, qui je peux être. Dans le tourbillon des secondes qui passent, je me raccroche à ces nouveaux visages qui peu à peu prennent de la place dans mon univers si instable. Et j'ai peur de créer ces nouveaux nœuds, ces nouveaux liens si fragiles. Car je sais que quand je rentrerai, ils me feront souffrir. Ils me manqueront. Et je ne saurai pas comment équilibrer ce nouveau départ. Les fractures du passé ne pourront se ressouder à l'identique car entre deux se seront glissés ces morceaux d'âmes que je chéris déjà beaucoup trop. 



Et dans tout ce chamboulement, je n'arrive toujours pas à réaliser qu'un point reste stable. Je le sais mais je ne le comprends pas. Il est là. Pour moi. Fidèle à ses lubies personnelles, il tournoie autour de moi; souvent insaisissable mais toujours présent pour assurer mon reflet et m'empêcher de me dissoudre. Comme un papillon dont les couleurs changent selon la lumière mais qui se pose sur ta peau pour transmettre la tendresse partagée dans un baiser éphémère.


Il me manque.



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