dimanche 29 avril 2018

Raconter la ville par ses sensations, ses émotions

Quand je suis grise, j'ai l'impression qu'il pleut toujours sur la ville.
Et dans les rayons de son soleil, je tourbillonne. Les pieds dans l'herbe, le regard perdu dans les sommets des buildings. Du verre et de la brique, de l'acier et du béton : ces matériaux sont ma sensibilité. Ils me permettent de raconter qui je suis dans ma déambulation quotidienne.


 Aujourd'hui il pleut. Mais sous les gouttes, je joue à compter les sourires des passants. La ville me sourit. Et je trouve des couleurs dans les parapluies, dans les reflets, dans les vitrines. Une odeur de chocolat chaud me chatouille. C'est le Paris des flâneurs. Il pleut, mais pourtant...

Ce matin, je suis restée longtemps accrochée aux limbes de mes rêves. Dans ces chemins où l'horizon est vierge, mais le paysage qui défile est composé de mes souvenirs. Le temps de savourer un lait chaud à la cannelle et me voilà dévalant l'escalier, le rouge en colimaçon. Celui qui tous les jours, voient mes humeurs. M'emporter dehors, dedans.

Hier j'étais une enfant. Je me souviens de mon cœur battant. De cette peur du trop grand. Serrer sa main fort pour être sûre de ne pas être perdue. Sautiller. Et rire. Parce que c'est comme ça que le soleil a percée. A travers les fleurs des marronniers. En ce moment, le square me fascine. C'est la nature qui verdit et parfume l'air.


Ce midi, je me suis endormie dans le métro. Il y avait un vieux monsieur qui jouait de la clarinette. Et c'était beau. Il y avait un jeune chien qui glissait sur le revêtement en plastique et semblait si heureux de voyager. Il y avait ces deux petites filles. Et puis ces deux asiatiques en talons aiguilles dont le sourire emportait toute l'expression de leurs visages, comme une surprise rayonnante.

Assise dans une table, dans une de ces grandes chaînes de boulangerie, la place de l'opéra n'a pas changé derrière la vitrine. Les passants filent. Le thé est un peu fade. Et pourtant, me voilà emportée dans l'imaginaire de la vie de ces passants, de ces clients. Une vieille dame a touillé son café avec une branche de ses lunettes, j'ai capté son regard et j'ai imaginé une histoire. Une jeune femme, blonde, si grande, regarde avec tant de convoitise les tartelettes à la fraises. Et dehors, les vendeurs à la sauvette tendent des parapluies en plastiques.

Un câlin, un baiser. Et je me plonge dans la solitude urbaine. J'ai envie de marcher. De flâner. Avec une carte, un itinéraire. Que je détourne. Je cherche le wifi. Je cherche la définition de psychogéographie. Je cherche à me connecter. Car je suis devenue encore si dépendante. Dans ma liberté d'aller chercher ce que je veux, où je veux, quand je veux. Je recrée une relation de dépendance. Et dans cette solitude. Me voilà à vérifier si je n'ai reçu des messages.


Puis je me perds. Je connais cette rue. Oh, et cette façade. C'est le jeu de piste. Une tortue comme symbole. Et une histoire d'arnaque aux timbres. Les passages parisiens sont fascinants. Et dans ce coin de ciel bleu, derrière cette enceinte ocre, du lierre recouvre les hôtels particuliers qui hébergent encore les histoires qui me font rêver. Une porte ouverte, je jette un oeil. L'Histoire est passé par là mais je ne la connais pas. Elle fait battre les cœurs.

Et c'est fou ce que chacun rêve d'avoir le pouvoir d'arrêter le temps, de traverser le temps, de voyager dans le temps. Si nous étions infini ?

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